Comment évolue la perception par les Français de la pollution lumineuse, à l'issue d'années de pédagogie, de son inscription dans les textes et de l'actuelle recherche affichée de sobriété énergétique ?
Outre ses missions de plaidoyer national vers le gouvernement, le parlement ou les réseaux nationaux, de pédagogie auprès des élus et des citoyens sur le terrain, de veilles scientifiques et techniques, l'ANPCEN effectue régulièrement également des suivis professionnels de la perception par les Français de la pollution lumineuse.
Ainsi un nouveau sondage a été réalisé en septembre 2022 pour l'ANPCEN par OpinionWay sur la base d'un échantillon, représentatif de la population française, de 1010 personnes. Un précédente enquête avait été effectuée en 2018.
Le Gouvernement, les collectivités et les entreprises à la recherche de sobriété(s) énergétique et lumineuse y constateront des évolutions marquées et une acceptabilité encore accrue des Français pour des mesures fortes et plus fortes que les dispositions réglementaires actuelles !
A l'heure où le Gouvernement affiche des ambitions de sobriété, il apparaît donc qu'il est possible d'aller beaucoup plus loin que les règles actuelles relatives aux éclairages extérieurs, notamment pour les horaires d'extinction des publicités et enseignes lumineuses, pour d'autres éclairages privés et publics et pour faire appliquer les réglementations qui ont déjà 10 ans...
Il aura fallu une visibilité accrue des effets du changement climatique et que pèsent sur la France le risque de ruptures d’approvisionnement en électricité avec une très forte hausse de ses tarifs, pour que l'utilité de la sobriété lumineuse et énergétique - promue depuis plus de 20 ans par l’Association Nationale de Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes (ANPCEN) - soit à l'actualité de mesures urgentes à prendre, tant par l'Etat et les collectivités que par les entreprises et les citoyens.
⭐️ Premiers enseignements
Les Français entendent beaucoup plus parler de la pollution lumineuse.
> L'ANPCEN l'a mise à l'agenda public, l'a fait inscrire dans les textes de référence et elle mène des campagnes continues auprès des médias nationaux et locaux depuis 10 ans
> Quand elle a commencé à alerter sur certains enjeux de la pollution lumineuse, il ya plus de 20 ans, beaucoup restaient sceptiques, dans l'ignorance ou le déni...
> Tous les impacts d'éclairages démesurés et de la pollution lumineuse sont plus que jamais des enjeux du 21ème siècle et de pleine actualité : impacts sur la vision, le sommeil et la santé, impacts sur la biodiversité et les paysages, impacts sur la consommation énergétique, impact en émissions de gaz à effet de serre, en consommation de matières premières et terres rares, en dépenses budgétaires, en réduction de la capacité pour tous d'observation du ciel étoilé, etc...
Les citations du sondage doivent obligatoirement porter la mention "sondage ANPCEN par OpinionWay" (c)
En revanche, la pollution lumineuse n'apparaît pas suffisamment prise en compte dans les décisions, à la mesure de l'enjeu et de ses nombreux impacts. Les actions devraient donc être beaucoup plus marquées et l'approche entre différentes pollutions fortement rééquilibrée.
Les Français confirment ce que nous disons depuis très longtemps : ils comprennent les mesures de bon sens et plébiscitent d'agir davantage pour la sobriété lumineuse et énergétique, notamment en réduisant la durée d'éclairement des éclairages privés et publics et en réduisant le nombre de sources lumineuses.
De plus, l'acceptabilité qui était déjà très forte en 2018, augmente encore (alors qu'ils étaient déjà 82 % favorables à l'extinction en milieu de nuit des éclairages privés et 79 % favorables à la réduction d'éclairement en milieu de nuit des éclairages publics, en 2018).
La sobriété lumineuse et énergétique : 93 % de Français y sont favorables !
Donc il est temps d'agir, avec des règles plus ambitieuses et pour tous les types d'éclairages.
Des Français nous écrivent tous les jours et nous constatons combien ils sont de plus en plus réactifs à des situations de gaspillages, d'éclairages trop puissants, trop blancs, inutiles, gênants...
De plus, avec les recommandations d'attention qu'ils reçoivent pour leur vie quotidienne, les Français supportent de moins en moins les situations aberrantes inchangées, face à eux...
L'ANPCEN interrogée sur un projet de nouveau texte réglementaire relatif aux publicités lumineuses a recommandé de changer la plage d'extinction obligatoire (actuellement 1 à 6 h) pour voir enseignes et publicités lumineuses notamment éteintes dès la fin d'activité et au plus tard à 22 h.
Notre enquête avec OpinionWay confirme que les Français, favorables aux extinctions d'éclairages privés, sont 95 % à vouloir des règles qui vont bien au delà de l'horaire actuel (et 89 % de l'échantillon total) !
Hélas et paradoxalement, le gouvernement ne prévoit toujours pas de modifier les horaires d'extinction obligatoires...
C'est d'autant plus regrettable ou absurde qu'il s'agit de la première mesure simple, de bon sens, sans coût qui permet de réduire instantanément la pollution lumineuse, économiser des kWh et des sommes très importantes. Enfin, pendant l'été et à la rentrée des acteurs de la distribution et des entreprises se sont engagés à éteindre dès la fin d'activité ou à 22 heures, ce qui montre que c'est non seulement souhaitable mais aussi tout à fait possible !
L'ANPCEN demande depuis 10 ans (depuis la sortie du décret de janvier 2012 statuant notamment sur les enseignes et publicités lumineuses) que l'Etat (responsable de l'application effective de ce texte) organise véritablement des contrôles, rende les résultats publics et qu'un signal politique fort atteste de l'importance de ces enjeux, donc de la réglementation liée.
De même, l'ANPCEN demande depuis 2013 (depuis la sortie de l'arrêté relatif aux éclairages de vitrines, façades et bureaux non occupés) aux collectivités et à l'Etat, (les deux autorités publiques responsables de faire appliquer ce texte) : le nombre de visites effectuées, de situations de non conformité constatées et sanctions délivrées. Notre connaissance des situations de terrain nous indique que ces démarches ne sont pas effectuées, empêchant hélas des progrès significatifs.
Alors que tous les acteurs concernés ont bénéficié par inertie de 10 ans pour s'adapter... les Français là aussi confirment nos demandes et font preuve de bon sens. Ils demandent à 91 % que les règles existantes soient appliquées et soit faites appliquer. A rapprocher également du résultat qui montre que 40 % sont aussi favorables à une réglementation plus contraignante...
Ce délai de 10 ans pour passer à l'action et obtenir des résultats tangibles, communiqués, incite l'ANPCEN à rappeler que :
- la réglementation existante n'est pas une option, ni une opinion, mais une obligation !
- les atermoiements actuels ministériels ou d'élus locaux sur le suivi de la réglementation qu'il leur revient de faire appliquer, n'ont pas de réelle justification et les autorités publiques retrouveraient de la crédibilité en se donnant les moyens de faire appliquer leur réglementation.
- pour que des contrôles par l'Etat puissent être organisés, il conviendrait par cohérence, que le ministère de l'économie et des finances et que les parlementaires votant les budgets annuels ne diminuent plus chaque année le nombre de postes équivalent temps plein des ministères de la transition écologique et énergétique.
Ce délai très important de 10 ans obtenu de fait par tous les acteurs pour se mettre en conformité, d'abord avec le bon sens, et ensuite avec la réglementation, incite l'ANPCEN à affirmer que le temps de la seule pédagogie et de l'adaptation est fini ! Les mois qui pouvaient en 2012 ou en 2013 être encore nécessaires ou acceptables pour l'information ou l'adaptation, sont totalement révolus.
Il faut désormais, au plus tôt, des décisions, des actions et surtout des résultats mesurés (avec au strict minimum l'application de la réglementation aux règles déjà moyennement ambitieuses)".
Il ne serait pas acceptable d'élaborer un "plan national de sobriété énergétique" et un nouveau texte réglementaire sur certaines sources lumineuses, à nouveau sans aucun accompagnement tel que nous l'avons suggéré, ni fermeté dans sa mise en oeuvre par tous les acteurs concernés.
Les citations du sondage doivent obligatoirement porter la mention "sondage ANPCEN par OpinionWay" (c)
⭐️ L'ANPCEN soutient pleinement les objectifs visant à agir davantage en faveur de la sobriété lumineuse et énergétique.
⭐️ L'ANPCEN vient de contribuer à deux projets de décrets et un arrêté relatif aux publicités lumineuses, à paraître, pour transmettre ses analyses et recommandations.
⭐️ L'ANPCEN rappelle que :
- sobriété lumineuse et énergétique ne doivent pas être dissociées dans les politiques publiques, ni dans le court terme, ni dans le long terme. En effet, l'action visant uniquement la sobriété énergétique n'aboutit pas obligatoirement à la sobriété lumineuse, parfois même, au contraire, elle accroît la lumière émise*. En revanche, la sobriété lumineuse assure plus de sobriété énergétique.
- malgré les demandes successives de l'ANPCEN, aucun objectif national de réduction de la quantité globale de lumière artificielle émise la nuit, n'a encore été fixé pour toutes les sources lumineuses. Alors que celle du seul éclairage public a cru pourtant de + 94 % en 20 ans seulement !. Cette croissance exponentielle de lumières artificielles détruit l'alternance naturelle bénéfique du jour et de la nuit sur laquelle le vivant, humains inclus, s'est construit depuis toujours.
- les politiques publiques nationales de l'énergie ont surtout privilégié l'efficacité énergétique, souvent associée à la technique et aux matériels. Elles visaient peu, en revanche, la sobriété, n'incitant ainsi pas suffisamment à changer d'abord les conceptions, les usages et comportements. Bien avant les achats d'équipements nouveaux... Les dispositifs publics de soutien vont systématiquement aux achats de matériels au lieu de valoriser les changements de pratiques.
- le coût du seul éclairage public en France avait été estimé il y a quelques années à 2 milliards d'euros dont 500 millions d'euros pour le fonctionnement. Avec l'augmentation des tarifs de l'électricité, le fonctionnement avoisine désormais les 1,120 milliard et donc le coût total de l'éclairage public : 2,620 milliards d'euros.
- la sobriété, notamment par la réduction de la durée d'éclairement la nuit, permet au moins de 30 à 75 % d'économies financières.
⭐️ L'ANPCEN rappelle que :
Le plaidoyer de l'ANPCEN a permis de mettre les enjeux de la pollution lumineuse à l'agenda public national et local et a fait reconnaître les nuisances lumineuses dans 4 lois, plusieurs réglementations et plusieurs textes de référence (nous consulter).
Ainsi des règles nationales d'extinctions pour différentes sources lumineuses existent depuis 2012, 2013 et 2018.
L'ANPCEN a élaboré des infographies (destinées à notre réseau de correspondants locaux) pour aider à faire comprendre aux différents acteurs les règles spécifiques à chaque source lumineuse (aucune règle fixée nationalement pour l'éclairage public) :
* Avec la perspective d'économies d'énergie, nombre d'acheteurs de sources lumineuses, en ajoutent trop souvent au lieu inversement de les réduire. De plus, les achats de Leds à fort rendement lumineux nécessitent de diminuer les trop fortes puissances, installées souvent inutilement depuis des années. Au final, en segmentant l'approche, en ne visant que des kWh, on peut en réalité augmenter la quantité de lumière émise la nuit...
Sondage ANPCEN réalisé par OpinionWay, mené par Internet du 3 au 6 septembre 2022 auprès d’un échantillon d’environ 1010 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas au regard des critères de sexe, d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence.