L'ANPCEN effectue une veille constante des travaux scientifiques montrant les différents impacts de la lumière sur le vivant. Nous en avons déjà recensé de nombreux, dans l'étude réalisée par l'ANPCEN avec la Mission Economie de la biodiversité du groupe Caisse des Dépôts "Eclairage du 21ème siècle et biodiversité", par groupes d'espèces : mammifères, oiseaux, amphibiens, insectes, poissons, etc.
La flore aussi
Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’université d’Exeter en Angleterre montre que les arbres bourgeonnent plus tôt au printemps en présence de lumière artificielle la nuit.
L'étude a pris en compte l'effet "ilôt de chaleur" qui implique des températures plus élevées dans les zones urbanisées et qui peut aussi expliquer ce bourgeonnement précoce et elle montre malgré tout une corrélation observée à grande échelle au Royaume-Uni entre l'avancement du bourgeonnement et l'intensité des émissions lumineuses.
Cette corrélation peut s'expliquer par le fait que la photopériode perçue par les arbres situés dans les zones urbanisées est modifiée par la présence importante d’éclairages extérieurs publics et privés.

Exemple de corrélation observée entre l'avance du bourgeonnement pour le frêne commun et l'intensité des émissions lumineuses pour une température moyenne au printemps de 4°C (d'après ffrench-Constant et al. 2016 “Light Pollution is Associated with Earlier Tree Budburst across the United Kingdom.” Proc. R. Soc. B 283, no. 1833)
La lumière artificielle une pression sur le vivant qui se combine aux autres
Cette même étude indique que ce phénomène pourrait se produire pour d’autres espèces de plantes de taille inférieure (en effet, l'intensité des émissions directes de lumière est encore plus importante dans ce cas) et que cela pourrait avoir des conséquences en cascade sur différents groupes d'espèces qui se nourrissent des premiers bourgeons au début de leur vie.
La phénologie de la flore serait donc perturbée par la pollution lumineuse qui excerce une pression supplémentaire au changement climatique via l'augmentation de la température moyenne à la surface de la Terre. La présente étude qui montre une avance du bourgeonnement de plus de 7 jours correspond d'ailleurs d'après les auteurs à l'équivalent d'une augmentation de la température de 2°C qui est un des objectifs visés à ne pas dépasser, adopté dans l'accord de Paris lors de la COP21.
Cette étude souligne donc l'importance de prendre en compte les effets de la pollution lumineuse sur la biodiversité au même titre que le changement climatique avec des mesures de préservation intégrées. Il est en particulier important de ne pas rénover l'éclairage public en ne visant que la réduction des consommations d'énergie et donc des émissions de GES responsables du changement climatique. Le choix de luminaires respectueux de l'environnement nocturne avec une émission de lumière maîtrisée en terme d'orientation et de contenu spectral est tout aussi nécessaire.
Le vivant, faune et flore, les paysages sont soumis aux pressions de pollutions notamment chimiques, à l'artificialisation, à la fragmentation des habitats, à la surexploitation, à certaines espèces invasives, au changement climatique .... La lumière artificielle émise la nuit en croissance constante est une pression supplémentaire qui s'ajoute ou se combine aux autres.