Verra-t-on un jour plus de "constellation de satellites" que d'étoiles dans notre ciel nocturne ?
Les actualités révèlent régulièrement des projets susceptibles de générer une pollution lumineuse céleste, présentés comme des "innovations". Tel le projet d'une lune artificielle pour "éclairer les villes" depuis le ciel ou le projet de diffuser des publicités lumineuses dans l'espace afin qu'au lieu de voir des étoiles, les humains lisent dans le ciel nocturne... des noms de sodas ou d'un prochain objet à acquérir...
Un autre projet "Starlink" est celui du lancement de satellites en grand nombre par la société américaine Space X d'Elon Musk. Un peu plus de 400 sont déjà lancés et 12 000 à 42 000 seraient annoncés, afin de fournir aux Etats Unis et au Canada en 2020, puis de manière internationale en 2021, un accès Internet plus rapide pour le haut débit.
Illustrant le rythme visé, SpaceX annonçait par exemple en octobre, le lancement de 180 nouveaux satellites en 18 jours seulement.
Ces satellites sont en orbite basse afin de réduire le temps de retour donc de latence du signal pour les abonnés. Space X viserait 40 millions d'abonnés en 2025.
Ils comportent une partie réfléchissante brillante à même de perturber l'astrophotographie et l'observation astronomique par la pollution lumineuse et l'activité radioélectrique entre satellites et antennes terrestres. Certains estiment que 42 000 satellites seraient 150 fois plus gênants que le trafic aérien quotidien (de 180 à 200 000 vols commerciaux), assimilant la réflexion de ces objets techniques à l'émission de lumières artificielles dans le ciel nocturne.
Le régulateur américain a autorisé ces lancements encore en cours de mises au point. D'autres projets internationaux pourraient également voir le jour révélant des concurrences entre plusieurs opérateurs américains et internationaux. Augmentant pollutions lumineuses et risque de collisions entre satellites et de débris issus de celles-ci.
Aussi l'ANPCEN, en veille sur ce projet, communique sa première analyse, établie en cohérence avec ses lignes directrices habituelles :
- L'ANPCEN oeuvre de manière générale pour limiter la pollution lumineuse. Elle agit chaque jour depuis 20 ans pour réduire la pollution lumineuse issue de sources terrestres, sur l'ensemble du territoire, afin de préserver les humains et l'environnement des effets néfastes de l'éclairage artificiel.
- L'ANPCEN souligne la forte continuité entre préoccupations des pollutions lumineuses issues de sources terrestres et célestes.
- L'ANPCEN rappelle sa préconisation constante d'approche globale des enjeux. Or les innovations technologiques sont rarement analysées pour leurs conséquences environnementales, encore moins astronomiques.
- L'ANPCEN privilégie une approche visant d'abord l'ensemble des citoyens. Elle agit pour permettre la contemplation du ciel pour tous, aujourd'hui comme pour les générations futures, à proximité et sans équipements coûteux.
- L'ANPCEN a fait reconnaître, en l'inscrivant dans la loi française, les paysages nocturnes comme un patrimoine de la Nation. Aussi un bien commun ne devrait pas pouvoir être privatisé, un espace colonisé ou approprié, au détriment des activités d'intérêt général et sans concertation avec la société.
- La notion équivalente internationale n'existe pas : les paysages ou le ciel nocturnes ne sont pas reconnus comme patrimoine de l'humanité par l'Unesco, de même que les parcs, réserves de ciel noir ou étoilé.
- L'ANPCEN appelle à considérer qu'un bien commun comme l'espace doit être préservé pour les besoins d'intérêt général de l'humanité, avant le déploiement d'activités économiques et privées.
- L'ANPCEN rappelle que l'espace est aussi actuellement nécessaire aux radiotélescopes terrestres, à la météorologie spatiale, à l'observation du climat, à l'observation de la Terre par satellite et différentes activités scientifiques...il est aussi utilisé par les émetteurs terrestres de téléphonie, pour ne parler que de quelques activités civiles.
- L'ANPCEN appelle donc les acteurs nationaux et internationaux à oeuvrer à des règles communes pour élaborer un cadre concerté. Elle appelle à la régulation internationale des accès et fréquences et à se fixer dès maintenant des limites dans l'exploitation de l'espace, quelle que soit l'orbite.
- Les effets néfastes de ces activités doivent être dès aujourd'hui analysés, suivis et corrigés.
Pétition
Photo : Observation Jean-Luc Colas 28 avril 2020, en France
En juin et juillet 2020, le régulateur français a cru utile de fournir des autorisations pour 10 ans à trois stations aériennes pour Starlink. Ce que SpaceX qualifiait de "première en Europe"...
Dans le départements du Nord dans les Hauts de France, à Gravelines, 11200 habitants. En Nouvelle Aquitaine, dans le département de la Gironde à Villenave d'Ornon, 34100 habitants et Belin-Béliet, 5500 habitants.
Ceci relève-t-il d'une concertation en France avec les parties prenantes et d'un bilan global produit dont un bilan environnemental incluant les nuisances lumineuses causées ?
Février 2021 :
"Saint-Senier-de-Beuvron, dans la Manche, 350 habitants, dit non à Elon Musk, l'un des hommes les plus riches du monde. Ce village bucolique et déjà "connecté" ne veut pas des antennes relais que le fondateur de Tesla veut implanter dans un champ pour son projet d'internet par satellite.
"Par principe de précaution, le conseil municipal a dit non, lors d'une réunion sans vote. Ce projet est tout nouveau. On n'a aucun recul par rapport" à son impact sanitaire."
Consulter le papier de Ouest France
"A Saint-Senier-de-Beuvron, dans la baie du Mont-Saint-Michel, les habitants s‘opposent à l’installation de la station terrestre voulue par le milliardaire dans le cadre de son projet Starlink. Les autorités françaises viennent d’autoriser ce réseau d’accès à un internet haut débit à fonctionner en France.
Consulter le papier de Libération