Tout le monde doit s’y mettre…. Nous n'avons plus tous les choix.
A l'issue de l'élection présidentielle, le Président de la République indiquait la volonté de voir élaboré un plan de sobriété énergétique, avec l'objectif de diminuer la consommation d'énergie de 10 % (par rapport à la consommation de 2019), au cours des deux prochaines années. Cet objectif de court terme serait une étape sur la trajectoire, déjà fixée, pour atteindre en 2050 d'une réduction de 40 % de la consommation d'énergie. Pour ce faire, le gouvernement a lancé différents groupes de travail en juin et juillet 2022 qui doivent aboutir fin septembre 2022.
D'ores et déjà, l'ANPCEN a rappelé qu'elle porte des recommandations de "sobriété lumineuse et énergétique" depuis de très nombreuses années, notamment face à des politiques nationales et locales affichant si longtemps leur préférence pour "l'efficacité énergétique", c'est-à-dire l'optimisation de solutions existantes, principalement basé sur du matériel ou de la technique, plutôt que le changement de réponses humaines face à un problème dont l'importance a continué pourtant à croître...jusqu'à apparaître désormais comme une urgente très forte.
Un premier aperçu sur 3 thèmes qui entreront dans le plan de sobriété énergétique annoncé : les mesures de l'administration exemplaire, les engagements de fédérations de commerce, les intentions annoncées quant à un texte existant depuis 2012 sur les enseignes et publicités lumineuses.
1. L’administration exemplaire : éteignez les lumières non nécessaires
La Première ministre, Elisabeth Borne indique le 25 juillet 2022 aux administrations que « les tensions internationales ainsi que l’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire français nous imposent un effort sans précédent en matière de sobriété énergétique »
Un exemple, parmi d'autres leviers possibles : 30 % du parc immobilier tertiaire appartient à l’administration publique française. A partir de ce parc, elle peut donc viser des économies d’énergie et une exemplarité publique.
La première ministre demande ainsi aux administrations de l’Etat dans une circulaire « de ne pas laisser les appareils en veille et d’éteindre les lumières lorsqu’elles ne sont pas nécessaires ». Cela parait logique, de bon sens mais la recommandation ainsi formulée semble limitée.
⭐️ L’ANPCEN soutient de la part d’administrations de l’Etat, d’administrations territoriale et tout autres, des interrogations à mener sur les finalités des éclairages, sur leur adaptation aux besoins réels, sur les changements des usages actuels, sur l’exemplarité de conception et de pratiques, et ce, préalablement à toute dépense publique d’équipements.
⭐️ L’ANPCEN indique que la première ministre aurait pu rappeler aussi que les façades de bâtiments publics doivent déjà être éteintes, de même pour les éclairages intérieurs de bureaux sans activité et les parkings (selon l'arrêté de 2018, soit 4 ans déjà).




⭐️ L’ANPCEN rappelle que notre association a déjà fait inscrire dans la Loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015, il y a donc déjà 7 ans : un objectif d' "exemplarité de l’éclairage public, tant énergétique qu’environnementale" (donc attentif à la pollution lumineuse).
⭐️ L’ANPCEN rappelle que lors de la rédaction de cahiers des charges d'achats publics la norme EN13201, d'application nullement obligatoire, ne doit pas figurer comme une pseudo prescription ou référence, sachant que celle-ci a trop fortement orienté vers la situation actuelle de suréquipement et de suréclairage, mal installés, et que ce texte conçu par les acteurs économiques avec leur vision, voire pour eux-mêmes, n'a pas l'approche globale souhaitable des impacts et des coûts.
⭐️ L’ANPCEN rappelle que, même parés de la mention « écologique » par nombre d’acteurs directement intéressés à leurs ventes, les Leds ne sont pas la solution magique et unique : leur production, leur installation et leur maintenance ne relèvent pas d’une approche globale des coûts, ni la prise en compte des impacts globaux de la pollution lumineuse. Les prescriptions actuelles avec une approche uniquement énergétique ne garantit nullement des choix (pour 25/30 ans) de luminaires, cohérents avec les autres enjeux : l’approche partielle voire partiale peut être in fine contreproductive.
>> L’ANPCEN rappelle d'abord que la loi a indiqué que toute allégation écologique doit fournir les informations liées, dont celles relatives aux Leds. Ces informations pour être crédibles devraient être indépendantes des producteurs et pour les éclairages extérieurs indiquer des performances réelles en situation extérieure et non théoriques ou en laboratoire.
>> L’ANPCEN rappelle qu'il convient d'opter avec plus de discernement et d'informations quand on acquiert des Leds, en choisissant les moins néfastes. L'ANPCEN rappelle ses réserves déjà exprimées, depuis des années, sur nombre d’aspects passés sous silence, relatifs aux Leds installés en extérieur donc pour 25 ans environ :
. la promesse excessive de durée de vie. Le remplacement à venir est de nature à remettre en cause la promesse économique initiale, la durée de vie annoncée ne correspondant pas du tout à la réalité de la vie in situ, en conditions extérieures.
. leur création d'une dépendance croissante de la France à des pays qui fournissent Leds ou composants, et les terres rares venant de l'autre bout du globe. Si un jour, l'approvisionnement se trouve restreint pour telle ou telle raison géopolitique, nous devrons faire pour l'éclairage les constats de dépendance et ruptures d'approvisionnement que l'on vient pourtant de faire post Covid pour nombre d'objets ou composants...
. l'absence d'anticipation des effets du changement climatique, auxquels seront donc exposées de manière croissante les installations lumineuses extérieures, tels les écarts de température, les tempêtes, incendies, les épisodes de foudre...

En juin 2022, par exemple, plus de 206 000 éclairs ont été comptabilisés, faisant de juin le plus foudroyé des mois de juin depuis 1989.
Alors que la foudre est susceptible de mettre hors service les composants électroniques des Leds installés en extérieur notamment, on voit à travers ce seul exemple, combien nos choix n'ont pas l'approche globale souhaitable.
Carte Meteo France - Meteorage
>> L'ANPCEN rappelle ce qu'elle a soulevé à de nombreuses reprises lors des rendez-vous dédiés au climat : le bilan climatique global de l'éclairage en France est inconnu, donc non suivi (il ne s'agit en aucun cas du seul contenu carbone théorique du kWh consommé). Le documenter permettrait de faire des choix mieux informés et de s'assurer que tout le secteur de l'éclairage contribue aux progrès climatiques cruciaux.
>> L'ANPCEN a demandé depuis des années que soit prises en compte les conséquences sur la vision, le sommeil et la santé de la multiplication exponentielle des Leds dans l'espace domestique, de travail, de loisirs, et dans l'espace public, en intégrant les effets humains et leurs coûts de cette multi-exposition à tous les âges de la vie.
⭐️ L’ANPCEN rappelle également ses très nombreuses observations, faites sur le terrain : un grand nombre d'acheteurs de lumières extérieures à Leds multiplie souvent le nombre de points lumineux au lieu de les réduire (au motif notamment qu’ils consomment moins) ; de plus, ils ne réduisent pas ou pas suffisamment la puissance installée non plus pour leur rendement lumineux augmenté
>> Résultat : les Leds qualifiés d’"écologiques" sans l'approche globale souhaitable, en réalité trop souvent augmentent la quantité de lumière artificielle émise la nuit, au lieu de contribuer à la diminuer comme on devrait le souhaiter !
⭐️ L’ANPCEN rappelle qu'avant d'acheter des Leds et matériels divers, pour toute réponse, il conviendrait d'abord de s'interroger sur les finalités des éclairages, de se fixer des limites de bon sens, de s'interroger sur la réalité des besoins, de revoir en priorité la conception et les usages d'équipements existants, de diversifier les choix et opter par défaut pour les moins néfastes, de rechercher des solutions sans éclairage artificiel, etc...
⇥ Consulter la circulaire n° 6363-SG du 25 juillet 2022 relative à la sobriété énergétique et à l’exemplarité des administrations de l’Etat.
⇥ Consulter les engagements du ministère de l'économie et des finances
2. La grande distribution dit vouloir s'engager
Plus de 40 fédérations du commerce et leurs entreprises représentées ont présenté en juillet 2022 un protocole dit de sobriété énergétique avec un ensemble d'engagements volontaires.
>> Parmi ceux-ci : l'engagement d'éteindre les enseignes lumineuses dès la fermeture du magasin (au lieu de 1 à 6 h du matin).
⭐️ L'ANPCEN soutient cette mesure de bon sens. Elle rappelle également que les annonces pour être crédibles doivent être suivies et leurs résultats réels rendus publics. La gouvernance de ces engagements sera donc déterminante.
⇥ Consulter leurs engagements
3. Evolutions quant aux publicités et aux enseignes lumineuses ?
⇥ Consulter notre actualité et la veille de l'ANPCEN
⇥ Infographie ANPCEN (C)