L’Association nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes (ANPCEN) et la Mission Economie de la Biodiversité (MEB) du groupe Caisse des Dépôts signent une convention de partenariat.
Les plans lumières se multiplient partout en France. Les points lumineux de l’éclairage public ont eux aussi augmenté de 64 % en 20 ans tandis que leur durée d’éclairement a quasiment doublé dans la même période. Or l’augmentation de la lumière artificielle la nuit bouleverse, sans que la mesure en soit clairement prise, l’alternance naturelle du jour et de la nuit dans laquelle réside des équilibres physiologiques de nombre d’êtres vivants.
Aussi, l’Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l’Environnement Nocturnes et la Mission Economie de la Biodiversité du groupe Caisse des Dépôts, ont décidé de réunir leurs expertises complémentaires. Il s’agira notamment de répertorier les connaissances disponibles sur les effets de la lumière artificielle nocturne sur les espèces, les milieux et continuités écologiques aquatiques (trame bleue), sujet jusqu’ici peu abordé.
Les partenaires identifieront par ailleurs des pistes de financements innovants à même de favoriser les éclairages du XXIème siècle adaptés à ces enjeux nouveaux.
Un partenariat qui réunit des expertises très complémentaires.
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Voir aussi MEB
Signature entre Laurent Piermont et Anne-Marie Ducroux
Un exemple :
Au sommet de la tête de certains poissons, une sorte de capteur sensible à la lumière et relié à l'épiphyse, intervient sur le sens de l’orientation, la régulation de la température corporelle et le cycle de ponte.
Avec l'extension des "plans lumière", nombre de ponts sont l'objet désormais non seulement d'éclairage dessus, mais aussi dessous, dans chaque arche produisant des reflets bleus électrique, vert, rouge, blanc ou autres une partie de la nuit dans les milieux aquatiques...
Ainsi la lumière projetée peut devenir une infrastructure de plus à franchir pour les poissons et la lumière se cumule à nombre de pressions sur les milieux aquatiques.
La Loire, par exemple, que l'on qualifie de "dernier fleuve sauvage" est en réalité fortement aménagée avec notamment des barrages, des centrales nucléaires, des digues, et sur 1012 kms, traversant 12 départements, elle compterait plus de 150 ponts.
Les poissons migrateurs notamment, comme le saumon atlantique, dernier des saumons d'Europe à grande valeur patrimoniale, ont bien du mérite d'accomplir dans les conditions d'obstacles et de pressions rencontrées, ce trajet héroïque.
Il peut également apparaître paradoxal d'investir depuis 20 ans des millions d'euros pour démanteler ou rendre franchissable des barrages par le saumon sur le bassin de la Loire (Saint-Etienne-du-Vigan, Maisons-Rouges, Vichy, seuils des centrales nucléaires, ...) et de multiplier dans le même temps les plans lumière dans les villes riveraines qui favorisent l'illumination des ponts.
La restauration de la continuité écologique nécessite donc également de réfléchir à la lumière comme élément de fractionnement des habitats.
Illustration : Pont de Namur S. Lemaire Ascen-Iew