Les 4 et 5 octobre, Birdlife International alliance mondiale de protection de la nature et des oiseaux représentée dans plus de 100 pays, vous donne un rendez-vous pour observer la migration des oiseaux, en de nombreux lieux, en Europe et en France. Une occasion d'apprendre aussi comment les migrations naturelles et extraordinaires des oiseaux sont fortement pertubées par la multiplication des installations lumineuses, par les dispositifs clignotants et l'augmentation de la quantité globale de lumière la nuit.
L'alerte a été donnée, les travaux scientifiques l'ont confirmée
L'ANPCEN attire l'attention depuis plusieurs années sur les conséquences pour tous les êtres vivants, dont les oiseaux, de l'augmentation des lumières artificielles la nuit. L'horloge biologique des oiseaux peut être perturbée par l'effacement de la différence entre le jour et la nuit, phénomène renforcé en présence de nuages. Les ornithologues comme les astronomes ont observé les conséquences de faisceaux lumineux dans le ciel ou de repères lumineux trop nombreux, trop violents qui créent la confusion dans les vols orientés depuis des millénaires par des repères pris notamment avec la lune et dans les étoiles. Beaucoup d'internautes ont vu par exemple les conséquences pour les oiseaux des canons de lumière dirigés puissamment vers le ciel du site mémorial du World trade center, dont la conception a pourtant été affichée comme orientée par le développement durable...*
En 2007, l'ANPCEN demandait que la pollution lumineuse soit mieux prise en compte dans les politiques publiques. Ainsi, le Museum national d'histoire naturelle saisi par le ministère de l'écologie rappelait les nombreuses études déjà réalisées montrant que les conséquences négatives de la pollution lumineuse sont particulièrement sensibles lors de la reproduction et de la migration. La majorité des oiseaux migrateurs, en particulier ceux qui migrent vers l'Afrique du Nord en survolant le Sahara, se déplacent...la nuit.
L'ANPCEN attire l'attention notamment sur le suréclairage en zone littorale. Le littoral français est fortement artificialisé et fortement éclairé. Ainsi l'ANPCEN décerne une distinction spéciale aux communes littorales qui commencent à agir avec des éclairages plus adaptés, dans le concours Villes et villages étoilés. L'association a également convenu avec le Parc national de Port Cros, terrestre et maritime, insulaire et littoral, d'agir avec des mesures adaptées à ces milieux.
Migrations d'automne
Les migrations d'automne sont principalement orientées vers l'hémisphère sud. Elles sont orientées par la perception du champ magnétique terrestre, par des repères géographiques et par le soleil, la lune ou les étoiles.
Ainsi la visibilité des étoiles est prépondérante pour la survie des espèces dont la migration est capitale. Et leur "boussole" stellaire s'acquiert avant le vol migratoire. Ce qui nécessite que dès leur naissance, ils aient pu par une bonne qualité de la nuit, acquérir des repères.
En route, désormais, ils traversent les halos lumineux qui entourent les villes partout. Ils sont désorientés par des lumières en faisceaux dans le ciel ou des infrastructures en mer ou sur terre : tours, plateformes pétrolières, bâtiments éclairés etc...
En présence de lumière même faible, les oiseaux changent d'altitude, dévient leur route initiale parfois jusqu'à 45°. Ce qui peut conduire à les perdre ou à les épuiser en allongeant des déplacements pour lesquels leurs forces ont été adaptées au cours des siècles antérieurs. Des colisions avec les obstacles lumineux, des oiseaux perdus à distance de leur parcours habituel, ou tournoyant longuement dans des lumières artificielles ont été souvent observés.
En plaine l'altitude de vol est plus élevée. En montagne les oiseaux utilisent les cols. Les couloirs littoraux sont également utilisés. Ceci explique l'emplacement de points d'observation en France.
Vols nocturnes
Deux tiers des oiseaux volent de nuit. Les migrateurs nocturnent atteignent leur altitude maximale deux heures après le coucher du soleil, en Europe. Ils volent plus haut que les migrateurs diurnes : en moyenne une altitude de 710 à 900 m.
Voler plutôt la nuit est déterminé par des courants thermiques et par de nombreuses raisons, comme la diminution de certains risques et l'économie d'énergie. En effet, le temps de la migration est compté. La migration nocturne permet de couvrir de longues distances dans le temps imparti. L'air nocturne est plus frais et plus dense. Les vents contraires sont moins nombreux. La gamme de variation des directions du vent est plus restreinte, comme les turbulences verticales. Autant de moyens d'économiser son énergie... Enfin, les risques d'hyperthermie et de déshydratation sont réduits par des températures moins élevées et plus d'humidité dans l'air.
A vous d'observer maintenant...et d'inciter autour de vous à veiller à un éclairage nocturne plus adapté
Les principaux sites d'observation de la migration active en France
Voir journées européennes de la migration
En France, ces journées sont coordonnées par la LPO.
*oiseaux et faisceaux lumineux